Méditations: «J’ai des réactions très variées des médecins» (Pr Steven Laureys)

Le neurologue Steven Laureys vient de sortir un nouveau livre, «La Méditation, c’est bon pour le cerveau». Il appelle les médecins à mieux prendre conscience de son potentiel.

A Liège, à la tête du centre du cerveau au CHU de Liège et l'unité de recherches GIGA Consciousness et Coma Science Group de l'Université de Liège, le neurologue Steven Laureys est aussi connu au sud qu’au nord du pays où il fait la « Une des médias ». Ces travaux l’ont amené à réfléchir sur la pleine conscience et la méditation lors d’une rencontre avec le moine bouddhiste Matthieu Ricard. Depuis la sortie de son livre, le monde médical se penche sur ce dossier complexe: «J’ai des réactions très variées des médecins. Certains sont sceptiques et trouvent cela léger et ésotérique.  Je les comprends puisque moi, comme médecin, neurologue et chercheur, j’étais aussi sceptique au début. Beaucoup d’autres me posent des questions parce qu’il s’agit d’une problématique qui est peut abordée dans les formations de médecin.»

Contre le burn out des médecins
Il distingue différents chemins pour les professionnels de santé: «Pour le médecin, la méditation doit faire l’objet de deux approches distinctes. Il s’agit en effet avant tout d’un excellent moyen pour le praticien de lâcher prise. Le nombre de cas de burn out de médecins doit nous amener à réfléchir autrement notre engagement professionnel. J’ai des collègues qui se sont suicidés. On doit mieux apprendre à gérer ses soucis et ses émotions. Moi, il m’arrive souvent entre deux patients de prendre un moment de respiration ou de méditation pour moi.»

Evidemment, la réflexion vaut aussi pour le patient: «Là, c’est un autre contexte. Le médecin peut éveiller la conscience de son patient à cette pratique. Il peut lui conseiller de pratiquer la méditation. Des patients peuvent pratiquer la méditation en complément  pour des douleurs chroniques ou d’autres problèmes de santé…»

Le mettre dans le cursus
Pour lui aujourd’hui, dans le cursus de médecin, il faudrait «intégrer des formations de ce type pour le médecin. Elles sont aussi importantes et utiles que des cours de pharmacie. On sait en effet que le stress augmente de nombreux symptômes de patients. Cela peut être une alternative à la prise de certaines pilules ou traitements dans un cadre bien précis et un suivi adapté. Les médecins doivent être acteur de santé en la matière.» 

A l'heure de l'intelligence artificielle
Pour lui la méditation est un atout humain: «A l’heure de l’intelligence artificielle, on doit investir dans ce qui nous rend différent des ordinateurs. Des études montrent que la méditation peut réduire les symptômes démentiels. D’autres études constatent que l’effet de la méditation est égal à celui des antidépresseurs. Je suis un scientifique, je ne suis donc pas là pour prêcher mais je vois les résultats d’études que l’on ne peut plus ignorer.»

Rappelons que le Pr Steven Laureys a reçu le Prix Francqui en 2017 et que ses travaux ont notamment permis d’élaborer une nouvelle échelle d’évaluation des comas qui permet de poser des diagnostics plus exacts chez des patients cérébrolésés.

Il fait un autre constat: «Aujourd’hui, il n’y a pas encore assez de neurologues qui se sont intéressés au sujet. Il y a encore trop d’a priori de la part des médecins et de réactions «Noir ou blanc».» Les effets de la méditation sur le cerveau, il a pu les mesurer: «Nous avons fait des mesures sur la structure du cerveau et la méditation montre un épaississement de la matière grise dans des zones déterminantes pour l'attention, la régulation de nos émotions et la mémoire. Cela se voit aussi sur l'activité cérébrale elle-même. De nombreuses études scientifiques le montrent.»

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