Algorithme d'aide au diagnostic en psychiatrie: voie du futur ou fausse bonne idée?

Une plateforme digitale d’aide à la décision diagnostique en psychiatrie a vu le jour en Estonie, pays le plus digitalisé du monde, et son internationalisation est en cours. Voie du futur ou fausse bonne idée? 

DocuMental est une plateforme digitale d'aide à la décision diagnostique en psychiatrie.

Le médecin remplit une série de choix suivant un modèle QCM, auquel il peut rajouter des commentaires, et le système lui suggère un diagnostic basé sur des critères internationaux d'EBM (Evidence Based Medicine).

Il propose également des diagnostics alternatifs que le médecin a la liberté de choisir. Cette flexibilité est appréciée par ceux qui utilisent le système. En effet, en médecine en général et en psychiatrie particulièrement, la pratique clinique ne correspond pas toujours à la théorie des critères diagnostiques internationaux.

La plate-forme peut aider au processus de diagnostic là où le médecin, qui n'est pas infaillible et dont la mémoire a ses limites, ne peut pas retenir tous les critères, symptômes et guidelines de traitement sans assistance. En effet, les études prouvent qu'en psychiatrie, une hypothèse diagnostique est posée dans la première minute de l'entretien mais les statistiques montrent que celui-ci est souvent faux. A titre d'exemple, 67% des patients avec un trouble bipolaire reçoivent un mauvais premier diagnostic.

Dans le futur, DocuMental pourrait également intégrer d'autres plate-formes de support à la décision dans son système. Par exemple, en oncologie et en cardiologie, les patients psychiatriques souffrant aussi  fréquemment de ces pathologies. La start-up souhaite également développer une aide à la décision pour la médication et les autres méthodes de traitement.

DocuMental existe depuis fin 2016 et est actuellement opérationnel en Estonie, où il a été conçu. Une internationalisation du logiciel est en cours.

Alors, ce type de système est-il une fausse bonne idée, tant l'art de la psychiatrie ne pourra jamais être remplacé par des machines et des algorithmes, comme l'affirment ses détracteurs? Ou est-ce une ouverture vers le futur et vers une médecine ultra-personnalisée où chaque patient peut être traité selon ses besoins spécifiques, comme l'annonce le psychiatre concepteur du projet, Dr Eduard Maron?

Nous vous laissons juge. Une chose est sûre, nous pourrons de moins en moins évacuer le débat sur les applications de l'Intelligence Artificielle en médecine, sous toutes ses formes: préventives, diagnostiques, curatives; ainsi que de ses forces et de ses faiblesses, tant techniques qu'éthiques. Toutes les spécialités médicales sont désormais concernées et même la psychiatrie clinique, considérée jusqu'à très récemment comme le village d'irréductibles gaulois en termes d'IA, où les modèles, principalement prédictifs et diagnostics, comme Documental, se mettent à foisonner.

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